La vie de Mathurin Méheut en quelques dates
Mathurin Méheut voit le jour le 21 mai à Lamballe. Il est le fils de Jeanne-Marie Hello, qui tient l’Auberge de la Tête-Noire, et de Mathurin-Julien Méheut, menuisier à la tête d’un atelier rue Notre-Dame.
La vocation artistique de Méheut lui vient très jeune ; il travaille dès l’âge de quatorze ans auprès d’un artisan-peintre lamballais, puis il entre à l’école régionale des Beaux-arts de Rennes en 1898. Au terme d’un parcours académique ponctué de distinctions et de récompenses, il en sort diplômé en 1902.
Méheut s’inscrit à l’Ecole nationale des arts décoratifs à Paris. Il se fixe dans la capitale et entame une collaboration de plusieurs années avec la jeune revue en vogue, Art et Décoration. Il évolue dans le milieu de l’Art nouveau, des arts appliqués, de la décoration, de l’édition et de l’impression.
En mai, Méheut épouse Marguerite Rouja. Le couple s’installe au 45, rue Falguière à Paris, dans le quartier de Montparnasse. De leur union naîtra trois ans plus tard leur fille unique, Maryvonne.
Méheut part étudier le milieu marin à la Station biologique de Roscoff. Entouré de scientifiques, il réalise sur place, en deux ans, un important travail documentaire destiné aux décorateurs et artisans d’art, qui sera publié en collaboration avec Maurice Pillard-Verneuil sous le titre Etude de la Mer.
Méheut signe l’« Appel » de La Pensée Bretonne, revendiquant une Bretagne « de culture française » en opposition aux idéologies séparatistes. Il présente avec succès 427 œuvres à sa première exposition personnelle au musée des Arts décoratifs et remporte la bourse de voyage Autour du monde.
Lorsque la mobilisation générale est décrétée, Méheut est au Japon. Il rejoint son régiment à Arras et participe en première ligne à la guerre des tranchées, avant d’être nommé au Service Topographique de l’armée à Sainte-Menehould en 1916. Artiste combattant, il laisse à la postérité une importante correspondance riche d’innombrables croquis.
Méheut est démobilisé. Il s’installe pour l’hiver avec sa famille près de Saint-Guénolé, en pays bigouden. Il s’initie à la faïencerie Henriot, à Quimper, aux techniques de fabrication, de décoration et de sculpture des faïences. Il reprend brièvement le poste d’enseignant à l’école Boulle qu’il occupait en 1912-1913.
Le musée des Arts décoratifs consacre une seconde exposition à Méheut, avec 513 œuvres présentées. C’est à nouveau un succès. L’artiste fait un bref passage en tant que professeur à l’école Estienne, établissement professionnel consacré aux métiers du livre. Il est nommé peintre du département de la Marine.
Une exposition de 146 œuvres de Méheut se tient à San Francisco dans la galerie d’art du grand magasin City of Paris. Le public et la presse locale s’enthousiasment pour l’artiste français, qui acquière une réputation aux Etats-Unis.
Méheut s’installe dans sa maison construite par l’architecte Julien Heulot au Hameau d’Alleray, du côté de Montparnasse. Il poursuit une activité débordante partagée entre divers travaux d’illustration, de gravure, de décors et entame une longue collaboration avec les compagnies maritimes.
Méheut fait la connaissance d’Yvonne Jean-Haffen. Elle devient son élève, son amie, sa collaboratrice. A sa mort, elle se fera un devoir d’œuvrer à la création du musée Mathurin Méheut, dont elle assurera la direction de 1972 à 1992.
Méheut est invité à Pittsburgh, en Pennsylvanie, pour décorer le Hall des Nations de l’Auditorium and Service Building, nouvel immeuble du complexe industriel de la Compagnie Heinz. Pour la réalisation de ce décor mural de plus de 400 mètres carrés, Méheut travaille avec l’aide d’Yvonne Jean-Haffen.
La manufacture nationale de Sèvres commande à Méheut des décors pour une série de vases dessinés par Jacques-Emile Ruhlmann, un représentant majeur du style Art déco. Ces vases sont destinés à orner le grand salon de l’Afrique à l’Exposition coloniale qui se tient à Paris de mai à novembre.
La réalisation des décors extérieurs des pavillons de la Bretagne et de la Marine marchande à l’Exposition internationale des arts et techniques de Paris est confiée à Méheut. Sa prestation est controversée : ses décors, d’un style inhabituel, sont jugés folkloriques et artificiels par leurs détracteurs.
La Manufacture nationale des Gobelins passe commande à Méheut d’un carton pour une grande tapisserie de sujet imposé, une « allégorie de la vie marine ». La tapisserie, finalement intitulée La Mer, ne sera achevée qu’après la guerre, en 1946.
Méheut reçoit commande d’un cycle décoratif pour l’Institut de géologie de Rennes. En vingt panneaux monumentaux, l’artiste développe une iconographie originale, représentant notamment la faune des temps préhistoriques. Ce projet est finalisé en cinq ans en collaboration avec Yvonne Jean-Haffen.
La dernière exposition personnelle de Méheut a lieu à la Galerie Bernheim-Jeune, avenue Matignon à Paris. L’artiste l’intitule « Images de mon pays et d’ailleurs » et présente une sélection de 157 œuvres, dont plus d’un tiers est consacré à la Bretagne.
Méheut achève une belle carrière d’illustrateur entamée en 1903 (Fantôme de Terre-Neuve, de Léon Berthaut), puis qui l’a amené à mettre en images des textes de Maurice Genevoix, Colette, Pierre Loti, Anatole Le Bras, Roland Dorgelès et tant d’autres, par Pêcheurs des quatre mers de Roger Vercel.
Mathurin Méheut décède à son domicile parisien le 22 février, à l’âge de 75 ans. Il est inhumé à Paris au cimetière du Montparnasse.
Bibliographie récente
- Mylène Allano, Marie-Anne du Boullay, Fabien Bellat, Paquebots, à la croisée des arts décoratifs, Éditions de Juillet, 2022.
- Denis-Michel Boëll et Sophie Kervran (sous la direction de), Mathurin Méheut, arpenteur de la Bretagne, Éditions Faton, 2022.
- Mylène Allano, Mathurin Méheut, à main levée, Éditions de Juillet, 2020.
- Denise Delouche, Anne de Stoop, Patrick Le Tiec, Mathurin Méheut, Éditions Ouest-France, 2020.
- Jacqueline Duroc, Gilles Pichard, En forêt, Éditions Locus Solus, 2019.
- Philippe Le Stum, Denise Delouche, Virginie Caudron, Chrystèle Rozé, Mathurin Méheut, impressions gravées, Éditions Locus Solus, 2017
- Solenn Boënnec, Denise Delouche, Céline Mahieux, Mathurin Méheut, brodeur d’images, Éditions Locus Solus, 2016
- Jacqueline Duroc, Cap sur les îles, Méheut et ses contemporains, Éditions Locus Solus, 2015
- Michel Glémarec, La Biodiversité littorale vue par Mathurin Méheut, Éditions Locus Solus, 2015.
Le musée Mathurin Méheut dispose d'une boutique
avec de nombreux articles : livres, affiches, catalogues, cartes postale